Adieu Saint-Martin, adieu Saint-Merry.
Je suis ici depuis trois mois, mais les charmants voisins de pierre d’à côté, aussi silencieux que moi, m’ont encouragé à quitter ce quartier sans tristesse. Ils ont raison, je vais changer d’air et m’installer à la proue d’une péniche, toujours à Paris, Fluctuart, où je vais retrouver des amis de ma génération, des œuvres du street art, et des tas de gens qui viendront boire un verre sous mon nez.
Mais je regrette déjà cette placette où 6M3, RERO et PARAIN m’ont déposé, un jour d’octobre, avec une grue pleine de délicatesse. J’en ai vu des milliers de femmes et d’hommes, le jour, la nuit, intrigué-e-s par ma forme, livrer leur jugement très souvent agréable à entendre, même s’il y avait quelques grincheux. Que de photos ont été prises de moi !
On m’avait dit, n’y va pas, cette placette est « chelou ». Mais c’est faux, tous les graffeurs m’ont respecté, probablement parce que nous sommes de la même famille : les Arts Urbains. Les pigeons non plus n’ont pas osé se poser sur moi. Les commerçants avaient un œil attendri sur le socle et moi. Je regretterai toutes ces langues que l’on parlait devant moi et que je ne comprenais pas toujours, ces personnes qui s’approchaient du cartel-carte d’identité puis me regardaient en disant. « C’est beau. Quelle belle idée ! ». Alors oui, sans fausse modestie, j’ai embelli Paris.
Adieu chers pavés parisiens, je vais m’installer sur le fleuve, celui qui va à la mer et parlera de moi très loin.
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